A propos

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Je percevais en moi l’envie de trouver un autre moyen d’expression que l’écriture, peut-être plus visuel, plus immédiat, mais perfectionniste comme je suis, j’ai eu du mal à franchir le cap, à me « lancer », à oser de crainte d’être déçue, c’est un peu prétentieux mais j’aimerais que ce soit « parfait » dès le premier essai.

J’ai dans la tête des images que je doute pouvoir retranscrire… oser, oui aller de l’avant il le faut, ne pas me contenter de ce que j’ai, sortir de ma zone de confort, me mettre en danger, me risquer à autre chose… et le moment est venu… j’ai osé, j’ai commencé à composer des scènes, des intérieurs avec tous ces papiers de magazines, de journaux, de revues, d’affiches, de partitions etc… glanés et amassés au fil du temps… puis j’ai senti qu’il me fallait tenter une incursion dans une forme plus abstraite, plus proche aussi de mon monde intérieur, et là encore j’ai tenté l’expérience et petit à petit je crois avoir réussi à dompter les difficultés premières du collage et j’ai trouvé dans cet art une autre façon de poétiser le monde…

Je n’en suis qu’aux débuts mais j’y trouve un réel plaisir et c’est avec bonheur que je vous invite à découvrir mon univers…

Nathalie Lescop-Boeswillwald

Le monde de Thalie

 


Le passionnant Monde de Thalie

Depuis toujours, Nathalie Lescop-Boeswillwald est passionnée par les arts : les arts du verbe, dont la poésie ; les arts de l’image : peinture, sculpture, photographie, cinéma ; les arts appliqués ; et la musique.

Cette passion profonde se lit dans tout son parcours, de son Doctorat d’Etat en Histoire de l’Art à la création de la Revue d’art « pARTage en Terre des Arts », en passant notamment par la création d’une galerie d’art à Limoges qu’en dépit de son succès elle a fini par fermer pour conserver le temps de se consacrer à la Revue culturelle, principalement poétique et artistique, « Les Amis de Thalie », et à maints hors-série et numéros thématiques, sans parler de l’écriture de ses propres recueils de poésie.

La vie de Nathalie Lescop-Boeswillwald était si bien remplie par l’écriture poétique, la découverte et la promotion passionnée des arts qu’il ne semblait pas qu’elle pût en plus déployer une autre activité. Elle ne manifestait d’ailleurs pas en avoir l’envie. Pourtant, ses amis, la sachant prolifique en poésie où elle a un notable succès – plusieurs de ses recueils ont été primés – s’étonnaient qu’elle ne s’exprimât pas aussi dans l’un des arts visuels qu’elle adore.

Un projet, toutefois, s’ébauchait en elle, peu à peu mûrissait si sûrement que le jour où Nathalie s’est enfin laissée tenter par l’art du collage, une véritable maîtrise de la composition et de l’inspiration est tout de suite apparue comme si les œuvres qui, prenant forme de ses mains, devenaient visibles à tous, s’étaient en réalité parfaites en elle et qu’il ne lui fût plus resté qu’à les concrétiser.

Deux grandes sources d’inspiration et de style caractérisent actuellement ses collages, l’une et l’autre en lien étroit avec sa poésie.

L’une de ses veines consiste à créer des intérieurs ressentis. Par « ressentis », j’entends que son propos est bien moins d’inventer des intérieurs ordinaires, ou luxueux, ou improbables, que d’exprimer, par des moyens artistiques, le ressenti que chacun peut avoir en regardant telle ou telle pièce, meuble, papier peint, élément de décoration. C’est ainsi que parfois, en pénétrant dans un intérieur, le regard peut être à ce point impressionné par telle couleur, éclat, effet de matière qu’il étend un peu, telle lumière, cette perception à l’ensemble de la pièce. Et c’est ce subtil travail d’interprétation, presque de recréation mentale, que chacun d’entre nous est amené à faire inconsciemment au quotidien, que certaines des œuvres de Nathalie Lescop-Boeswillwald rendent visible.

D’autres de ses intérieurs, quoique toujours solidement construits, se distinguent par la quasi disparition de la séparation entre le dehors et le dedans de l’habitation, voire aussi entre le présent et un autre temps, ou même entre le réel tangible et le rêve ou le souvenir, autres éléments du réel. Et cette disparition séduit doublement, d’abord parce que les œuvres de Nathalie Lescop-Boeswillwald sont très belles, ensuite parce qu’est ainsi restitué un type de perception de l’espace-temps qui est assez universel. Tous, nous nous sentons à certains moments appartenir simultanément à deux espaces normalement séparés. Le cas le plus fréquent et banal est celui où, d’un intérieur, nous entendons ce qui se passe au dehors, soit que le bruit en soit fort – par exemple, près d’une caserne, le départ ou l’arrivée de chars -, soit, fréquemment, que la mauvaise insonorisation des murs laisse passer tous les bruits extérieurs – et alors les gazouillis des oiseaux résonneront aussi fort dans une chambre que si les meubles de celle-ci étaient posés directement en pleine nature -. Evidemment, il suffit d’ouvrir une ou des fenêtres pour que cette rencontre et presque cette fusion entre l’espace intérieur et l’extérieur se produise. Et ce n’est sans doute pas pour rien que les lourds rideaux opaques qui, dans les demeures permettent tout à la fois de protéger du froid et de s’assurer au besoin une complète pénombre. apparaissent fréquemment dans les tableaux de Nathalie : ils sont le symbole de cet espace de rencontre ou séparation entre intérieur et extérieur que sont les fenêtres que le plus souvent Nathalie ne cherche pas à montrer. Les fenêtres l’intéressent en effet moins pour leur apparence que pour leur rôle de mise en contact ou de séparation, selon qu’elles sont ouvertes ou fermées, protégées ou non par rideaux ou volets, entre deux parties du monde. L’importance de la dimension symbolique de la fenêtre qu’un rideau suffit à évoquer se comprend encore mieux lorsque l’on relève que le plus souvent les tableaux de Nathalie Lescop-Boeswillwald unissent moins l’intérieur d’une pièce et ce qui est immédiatement dehors que l’environnement matériel présent et celui de nos souvenirs ou rêves d’autres lieux qui par l’union de nos perceptions visuelles et de nos pensées coexistent. D’autres fois, si nous sommes en voyage, ce sont les petits objets que nous avons amenés avec nous qui peuvent nous donner, à certains moments, l’impression que deux espaces-temps se rencontrent ou mélangent un peu, celui familier et celui de la nouveauté. Bref, les fenêtres de Nathalie Lescop-Boeswillwald sont d’abord celles de la sensibilité et de la pensée. Et divers objets, par leur charme propre ou leur caractère insolite, possèdent aussi le pouvoir d’unir le réel matériel présent et l’espace-temps mental, par exemple fait de souvenirs, ou au contraire de projets, ou encore de rêves.

Cette si fréquente ouverture des intérieurs de Nathalie Lescop-Boeswillwald sur l’extérieur ou de lointains ailleurs, cette si fréquente présence, au sein du réel immédiat, d’espaces-temps des souvenirs, ou des désirs, ou des rêves, font bien écho à la poésie verbale de Nathalie, sensible toujours au monde environnant, notamment les voix de la nature, et qui constamment sent palpiter dans le présent le souvenir de proches disparus. Sans doute, toutefois, dans ses collages, la part de rêve et d’imagination, de lieux et vies inconnus, est-elle plus importante que celle de la mémoire personnelle, au contraire de ce qui advient dans sa poésie, un peu comme si les collages lui permettaient d’exprimer une autre part d’elle-même, peut-être plus voyageuse, explorant par la pensée le vaste monde.

Toutefois, je l’ai dit, dans l’art du collage Nathalie Lescop-Boeswillwald n’a pas qu’une veine d’inspiration, un style d’expression. Parallèlement à ses intérieurs où l’existence humaine est le plus souvent suggérée uniquement par des objets, elle crée une autre série d’œuvres que j’aurais envie d’appeler « Vos présences » : des fragments de lettres manuscrites, de textes dactylographiés qui peuvent être dans une langue étrangère, de cartes géographiques, de partitions musicales accompagnent une partie de visage ou de bras. Et le spectateur admire la qualité musicale avec laquelle ces fragments de textes sont agencés pour, à chaque fois, rendre perceptible toute la richesse intérieure d’une âme en lien avec les autres, toute la richesse culturelle qui fertilise l’âme de chacun, la relation elle-même entre le singulier individu et une pluralité d’êtres ou de cultures. Le langage verbal est le vecteur privilégié des échanges entre les êtres et de l’enrichissement personnel dans cette série de collages qui parle aussi, subtilement, du temps : ce n’est jamais en un instant que l’on peut assimiler, ou même simplement lire ou écouter des textes aussi nombreux et divers entre eux. Chaque collage raconte donc d’une certaine façon les années qui sont nécessaires pour nouer des relations avec des personnes, pour connaître des faits divers ou culturels aussi nombreux. Et le spectateur ne peut s’empêcher de penser à ce que cette suite de collages dit de Nathalie Lescop-Boeswillwald elle-même : Nathalie poétesse, bien sûr, mais aussi Nathalie lectrice passionnée d’œuvres du monde entier. Nathalie qui de par son travail en lien direct avec la littérature est en permanence confrontée à des textes et des écritures – écritures au sens de styles verbaux et aussi au sens de calligraphies – les plus divers, Nathalie qui sait si bien percevoir ce que bruissent de vivantes présences tous ces textes, qui s’en réjouit, qui en fait une part de sa vie, et qui nous fait partager à travers les rythmes et concerts visuels autant que sonores que sont ces collages.

Une artiste est née. Nous lui prédisons et souhaitons de beaux succès.

Béatrice Gaudy

Critique, traductrice, peintre, poète.